Dire Dieu par la musique dans la propagande guerrière d’hier à aujourd’hui: Le cas de l’Empire assyrien et de Daech

Éric Bellavance et Vivek Venkatesh

Entre les années 2014 et 2016, une série de vidéos diffusées en libre accès sur Internet par Daech présente le pillage, le saccage et la destruction de vestiges de l’Empire néo-assyrien, qui a dominé le Proche-Orient entre le xe et le viie siècle avant notre ère. Ces vidéos, dans lesquelles le groupe armé s’attaque au passé préislamique de la région et fait la promotion de son idéologie djihadiste-salafiste, sont accompagnées de chants a capella, connus sous le nom d’anachîds. Cet article s’attarde, dans un premier temps, au rôle de la musique dans la propagande assyrienne puisque, ironiquement, les Assyriens ont été les premiers à faire usage de musique dans leur propagande religieuse et militaire. Dans un deuxième temps, les anachîds qui accompagnent ces vidéos de Daech sont analysés afin de mieux comprendre le rôle que joue la musique dans certains discours théologiques du groupe armé. Pour ce faire, nous utilisons des théories développées dans les domaines de la psychologie sociale, du marketing, de la culture de consommation et de la philosophie postmoderne. Celles-ci permettent de mieux comprendre comment la destruction de lieux appartenant au passé préislamique de l’Iraq moderne, l’hyperviolence et la consommation morbide de dystopies interagissent avec les concepts de religion, de blasphème et de politique sociale.

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